L´écriture de la violence en Afrique subsaharienne
Fernanda Vilar  1@  
1 : Nanterre  (ED 138)  -  Site web
Université Paris Ouest Nanterre La Défense : EA138

 L'évolution du traitement des thèmes littéraires en Afrique subsaharienne accompagne le progrès de la décolonisation, comme l´explique George Ngal[1]. La littérature Africaine contemporaine a réussi à s´éloigner de la place de porte-parole de la société accordé lors de la période des indépendances et la rupture serait le « moteur de la création littéraire[2] ». Ainsi, l'originalité de chaque période, en tant qu´en rupture avec la précédente, correspondrait à la liaison de la littérature avec les crises successives de la civilisation.

Les trois auteurs que l'on a choisis pour analyser dans ce travail écrivent dans la période postindépendances. L'intérêt de dénonciation et le témoignage, le désir de parler de l'intérieur de l'Afrique et de combattre les stéréotypes ainsi que l'aspiration d'aborder les questions chères à tout être humain sont au centre de leurs ouvrages. Mia Couto, du Mozambique, est celui qui a publié son premier livre le plus tard, en 1983. Le Congolais Sony Labou Tansi publie son premier livre en 1979, tandis que J. M. Coetzee fait ses débuts littéraires en 1974. 

Nous envisageons d'étudier le produit de l'expérience de la violence dans la narration, soit elle explicite ou implicite. Le recours à la satire, au silence ou à la négation de la réalité ainsi comme l´analyse des déplacements, la création d´une utopie ou le trauma sont au cœur de cette recherche. Nous pouvons encore nous demander quelles sont les caractéristiques de la violence postcoloniale, puisque d´après ce qu´indiquent Bazié et Hüsenbrink[3], la violence postcoloniale c'est un « phénomène dans un espace-temps précis » et dans un « contexte marqué par l'expérience coloniale » qui génère une « empreinte particulière dans son mode de représentation et apparition ».

La violence est, selon Bernard Mouralis, un thème majeur de la fiction africaine : «Son importance tient sans doute d'abord à la place que la violence occupe dans l'expérience historique des peuples africains[4]». Franca Falzoni explique que «la violence (...) aurait même stimulée la naissance du roman dans cette aire du continent[5]». Nous croyons que l'étude comparatiste d'œuvres venues de trois pays de langues différentes est un exercice critique qui peut nous guider vers une théorisation de la littérature postcoloniale. Ce travail nous permettra de montrer les influences, les points de contact et les spécificités de chacune de ces littératures, à partir d'œuvres notoires venues de trois inspirations littéraires nationales distinctes.

 

 

 

 


[1] Georges Ngal, Création et rupture en littérature africaine, Paris, Éd. L'Harmattan, 1994, 137 p.

[2] Ngal, idem, p. 8.

[3] Bazié, Isaac et Lüsebrink, Hans-Jürgen (Ed). « Introduction » in : Violences Postcoloniales. Représentations littéraires et perceptions médiatiques. Berlin, Lit Verlag, 2011, p.1.

[4] Bernard Mouralis, « Les disparus et les survivants », Notre Librairie, vol. 148, septembre 2012, (« Penser la violence »), p. 8‑12, p. 10.

[5] Ibidem.


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